My personal story
R: There were moments, when the small one was three or four, when despite everything I wanted to go back to work, because I felt I was just living in – how can I put it? – in the shadow of my husband, who was pursuing his career. So we discussed it and I said: “I’m not happy; I want you to cut down on your work a bit so that I can work a little, get out of the house and away from housework.” I had an offer of work: teaching at the nursing school in [city]. They had even agreed to give me the course on Saturdays from 8 till midday. I asked my husband if it was all right with him. At that time he always went to the office every Saturday to prepare his lectures – he taught at the University of Luxembourg. I said: 'it’s not your main job, so could you give it up so that I can have my own little career?' Well, it was not alright with him. He did not give up this additional job. So, I didn’t dare to go back to work, because, after all, I had to look after the children, all five of them.
(...)
R: I was saying: 'if you don’t take any responsibility for the children, we can’t both be away on Saturdays'. It won’t work because on Saturday… at that time there were still classes on Saturdays, but on Saturday afternoons we had to drive them home for their lunch, and there was the weather. I said to myself: 'if I do this, I shall do it well and prepare for it – or I shan’t do it at all. But I can’t do everything. And if you don’t stay at home on Saturdays to look after things a bit – also maybe things like the garden and the homework – it won’t work'. And when I saw his contract – he always received his contract in July for the start of term in October. When I saw the contract he had signed, I saw that it was impossible. So I said to [employer]: 'I can’t come, it’s too much, I can’t manage it. I couldn’t leave my children for a job'.
I: Was it your choice or was it strongly influenced?
R: I had no choice. I had no choice. I didn't see any choice. Because If I had the choice, I would have done it.. And also I did... talking about that... I went to a medical congress to see what level… to see if I could find a suitable position in my profession again. So I asked my mother-in-law if she could look after the three children for the weekend. After I’d paid the fees for the congress, my husband also booked a business trip to Paris. So I asked his mother to help us… I can’t quite… I wasn’t asking her to look after all five children because I’d organised something else for the two eldest. When I arrived to drop off the three of them, she said: “No I haven’t got the time. Yes, I agreed, but as their father’s gone away too, that means you’ll have to stay at home.” She said no. She said: “I’m not going to take them because [my husband] has gone to Paris. I don’t want to take them. You should stay at home, you don’t need to go off on this…” – I think she called it a mad or extravagant trip. I said: “It’s not an extravagance, it’s training for…” but she replied: “He earns enough for you to stay at home.” I said that for me it wasn’t a question of money, it was a commitment, an opening. And I remember that I took them and I contacted (name friend) – she also had five children – and she said “bring them over, we’ll sort it out. You shall go.” So I went. And then as regards the contract, for working for the whole year, I didn’t dare. No, I couldn’t have. Just organising it…
French
R: J'ai quand même continué à faire des études de psychologie et des cours d'animateur environnement... environnemental. L'Université offrait ça donc, je m'organisais à pouvoir faire ça malgré les enfants et en plus, on voyageait beaucoup à cette époque. Puis 5 ans après, mon mari avait l'occasion de prendre un poste ici au pays. On est revenus, on a acheté une maison. On a vu... donc à la campagne... on a vu le système scolaire de (c) et puis on s'est posé la question est ce qu'on va avoir un troisième enfant ou est ce que je vais reprendre la travail. Mon mari m'a dit : "écoutes, ce serait bien... je préférerais encore avoir un enfant..." Alors bon, bah moi... comme mes deux grands sont déjà bien en route il vaudrait mieux au lieu d'un, en avoir 2 fois 2. Et comme la vie se passe, j'ai eu un cinquième qui n'était pas programmé. Et j'ai été assez malade pendant ce temps. C'était une grossesse à risque... un cinquième. Et là, la vie... ma vie s'est bouleversée... Depuis lors, c'était la bataille. C'était très souvent des remarques : votre mari gagne bien sa vie, qu'est ce que vous voulez, qu'est ce que... Ou bien du genre : 5 enfants c'est (c). Dans le village où on habite je faisais part des associations, de la chorale ou... ou le conseil paroissial... Eh bien là sans qu'ils savaient que j'étais enceinte du quatrième ou du cinquième, ils faisaient des remarques comme ça, parce que j'étais vraiment une exception d'avoir cinq enfants. A certains moments... quand le petit avait 3-4 ans j'avais envie de retourner quand même dans ma profession parce que je sentais... je vivais seulement dans... comment dirais-je... dans l'ombre d'un mari qui... qui faisait sa voie. Alors j'ai discuté et je disais je ne suis pas d'accord, je voudrais que tu... que tu fasses des restrictions un peu dans ton programme pour que je puisse travailler un tout petit peu. Sortir du ménage, des tâches ménagères. Et j'avais à cette époque une offre d'enseigner à l'école d'infirmières à (name city 2). Et on m'avait même accordée de donner des cours la samedi de 8 heures à midi. Et je demandais à mon mari d'être d'accord avec ça... et que lui... déjà à cette époque, il allait toujours le samedi au bureau pour préparer ses cours universitaires. Il donnait des cours à l'Université du Luxembourg. Et je disais : mais ça ce n'est pas ta profession principale, est-ce que tu peux renoncer à ça pour que je puisse aussi avoir une petite carrière à moi. Eh bien il n'était pas d'accord. Il n'a pas désisté ce job, cette activité supplémentaire. Et alors, je me suis... j'ai pas osé m'engager dans la vie professionnelle, parce qu'il fallait quand même suivre les enfants... tous les cinq.... Il y en avait un qui avait des problèmes dyslexique. Donc grâce à lui j'ai appris les défauts du système luxembourgeois, puisque moi-même j'aimais bien l'école, je suivais facilement... au moins le primaire et... et... mes autres enfants aussi. C'était aucune...
I: aucun souci...
R: Aucun souci... Bon il faut dire que je ne les laissais pas faire comme ça. Je suivais... on habitait à la campagne. On avait des instituteurs, institutrices un peu spécial/es. Je faisais quand même contrôler, ou oui faire des remarques, par lesquels... ça retombe toujours... Il y a des effets positifs, négatifs... Maintenant je crois que ce n'est plus vraiment le cas mais à cette époque encore, surtout à la campagne, les instits c'était comme le bon dieu, ou tout de suite après. Donc il ne fallait pas... Mais bon ça c'est un peu... J'ai aussi... J'ai jamais... J'ai jamais... Quand il y a avait quelque chose je discutais directement. Je prenais le rendez-vous et j'osais parler, j'osais discuter des problèmes... Ainsi.. une fois j'ai... A un instituteur, j'ai écrit... j'ai demandé de ne pas punir mon fils intempestivement... Ce mot il ne connaissait pas. Je l'avais cherché aussi... Et puis les enfants sont... Ont quitté la maison au fur et à mesure. Comme physiquement je n'étais plus vraiment en forme, je ne voulais pas reprendre mon travail comme infirmière... Par hasard, je suis passé... j'ai demandé de donner des cours de luxembourgeois à des étrangers, à des réfugiés pour Caritas. Ca je l'ai fait pendant 3 ans. c'était rémunéré, mais je n'était pas assurée... je n'avais pas d'assurance de pension. Donc c'était free-lance. Et je me suis fait des soucis à cause de ma pension. Je me suis dis... je serai dépendante du salaire de mon mari et de sa pension. Alors il y avait la possibilité de se... racheter les années de pension en même temps que pour faire des rachats d'années de pensions. Ca, je me suis engagée, je me suis débrouillée à payer ça. Et une année, c'était en 1997, là j'ai travaillé une année avec un enfant handicapé mentalement. Il venait chez moi tous les matins de 8 heures à 11h30... j'ai donné... Je l'ai alphabétisé... Il ne savait pas écrire tout son nom. Il avait 8 ans à cette époque. Je lui ai appris à écrire... non seulement en...
I: minuscule, majuscule ?
R: Ici ils apprennent maintenant en première année à faire des lettres imprimées.
I: Oui
R: Lui à ce stade, il commençait à imprimer. En un an, il est quand même passé chez moi à l'écriture fluide. Il savait... à la fin il savait quand même écrire toute son adresse sans faute et les noms de sa famille. Il savait... Il avait appris à copier. Ca, c'était déjà quelque chose. Il ne savait pas reproduire quand il entendait un mot, il ne savait pas le... le... s'imaginer comment on pouvait écrire un mot mais il savait copier, il savait écrire son nom, le nom de sa famille, ses... et il avait aussi une forte dyscalculie, là j'étais arrivée à ce qu'il reconnaissait l'addition, la soustraction et un début de multiplication. Jusqu'à 8, il savait compter. Mais il avait un fort handicap... de ce point là... Après cette année, les parents n'étaient plus... Ne voulaient plus... Bon après cette année, l'école... l'école me demandait de la garder encore une année. Moi j'ai dit non, parce que j'ai dit je crois c'est mieux qu'il soit intégré et que je l'aide pour les devoirs parce que les enfants, ils apprennent mieux... c'est mieux s'ils apprennent à l'école et je voyais bien que les parents n'étaient pas trop en forme. Bon le père était ingénieur mais il est tombé malade aussi... Il a eu Parkinson, très très jeune... et je disais il doit être (c) par l'école. Une année comme ça, ça devrait suffire et après je vais le soutenir. Donc cette année là, j'étais donc assurée. Les parents payaient le...
I: la sécurité sociale?
R: oui la sécurité sociale. Aussi pour une raison de sécurité, c'était comme ça et a partir de là je me suis assurée moi-même, j'ai continué à m'assurer moi-même. Puis les enfants sont partis aux universités, partout. C'est pour ça... le plus jeune à été une année à Vilnius.
I: donc vous connaissez Vilnius?
R: et, voilà... Après les 3 ans avec Caritas, j'ai encore travaillé, fait des jobs pour une petite société aussi donner des cours de langue luxembourgeoise mais je n'avais pas un certificat... je n'avais pas... et voilà cette année, je me suis inscrite à l'Université pour faire la formation en langue et culture luxembourgeoise pour avoir le certificat, le diplôme pour me présenter aux communes, pour donner des cours. Mais j'ai toujours eu ce sentiment que les femmes... en tout cas quand je vois l'évolution maintenant avec les possibilités qu'il y a maintenant, les lois qui ont été crées au Grand Duché pour les Maison Relais, les services d'accueil, c'est un revirement complet, moi quand je... je devais voir un médecin pédiatre avec mes enfants. C'était toujours la galère pour faire garder les autres ou... Il y avait une garderie qui était payante. Mais, il fallait réserver. C'était... c'était pas ouvert... je ne crois pas que... ils n'offraient pas le repas de midi donc... et de notre village, il fallait... il y avait à l'époque 3 bus. Quand je vois aussi l'évolution des transports publics aujourd'hui. On a des bus qu'on peut appeler... bon c'est payant... mais ça va... A l'époque ça n'existait pas... Pour les activités parascolaires des enfants, je faisais taxi tout le temps. c'était... Ma journée était... courir, courir, m'organiser et m'occuper des enfants. Et mon mari c'était pas son affaire, ça... Il était très énervé quand je demandais de travailler avec... le quatrième de mes enfants qui avait la dyslexie... je travaillais énormément d'énergie et de patience... Et là je l'ai sollicité quand même de m'aider, de faire la lecture le soir, mais à part ça. Il n'a... Ce n'était pas lui... ce n'était pas lui qui... Aussi après quand ils sont allées aux Universités (c) tous les cycles, ils sont tous partis. L'aîné est parti en Angleterre et lui, il a quand même organisé à peu près tout seul. Il avait... il avait des amis en Angleterre, en écosse, Newscasttle et c'est comme ça qu'il est allé là. Mais pour (name daughter) qui a fait ses études à Bruxelles. Je l'ai accompagnée à chercher un logement. J'ai fait les trajets, les transports, le meublement et tout ça. (name son) avait pris la décision très, très tard... alors il voulait travailler une année après le bac... j'ai dit non, tu ne vas pas... on va quand même essayer de t'inscrire dans une Université. Et j'ai décidé, on va voir l'Université et c'est (name University) qu'il avait choisit parce qu'il a fait ingénieur construction navale. Et alors c'était.... il n'y avait pas tant de choix d'écoles... Au mois d'août, comme il avait pas encore de réponse, je me suis mise dans la voiture et on est allés à (name city 3) pour l'inscription et aussi après... je crois que lui s'est aussi débrouillée tout seul pour s'installer, pour trouver son logement. Mais après, il y avait des complications avec son logement et je suis allée l'aider à... déménager... Et quand (name daughter & son) sont partis, c'était la même année. L'un est allée à (name University). Là aussi pour l'inscription, je l'ai accompagné. Et l'autre aurait voulu faire les sciences politiques à Bordeaux. Il a dû faire un concours. Là aussi je l'ai accompagné et comme ça ne marchait... il avait réalisé qu'il ne sera pas reçu... Il y avait 2000 candidats pour 140 places. Et il ne nous avait pas prévenu et puis les matières françaises en bac... le bac luxembourgeois est quand même différent puisque nous posons plus de... plus d'importance sur les langues. Il n'y a pas de sciences, de sciences nouvelles. Qu'il aurait dû savoir sur la politique française. C'était pas... Il n'avait pas relu du tout... Il avait pas... il avait plutôt... Il s'était plutôt renseigné sur la politique européenne mais pas... et c'était une grand chapitre sur le politique française. Donc, on a... de Bordeaux, on est allée en voiture à Paris et on l'a inscrit là. Et c'était juste... ils ne voulaient pas le recevoir parce que le délais étaient aussi déjà passés. Alors je leur ai dit : écoutez on ne vous a pas envoyé... renvoyé le pack parce que chez nous les résultats sont plus tard qu'en France. On vous l'a ramené, au lieu de l'envoyer par courrier; on est venu en TGV. Et alors, ils ont rigolé et alors ils ont fait une exception et ils l'ont accepté. Et c'était vraiment... (name son) était là : toi tu as vraiment la réplique Maman. Sans ça je ne serais pas inscrit. Bon ça je ne regrette pas mais maintenant... maintenant, c'est un vide... C'est un vide...
I: mais, vous ne regrettez pas d'avoir élevé vos enfants?
R: non, ça je ne regrette pas, mais je regrette par exemple, les décisions politiques que... en cas de divorce je serais sans revenus. Je dépends complètement de la bonne volonté... Les lois ne sont pas faites pour les mères qui s'occupent de leurs enfants. On est... Par rapport au niveau de vie de mon mari, si je... maintenant j'ai encore fait l'effort de payer ma pension mais moi je toucherais une pension de 1300 euros ou 1200 euros, bon pour la Belgique c'est beaucoup mais ici c'est pas beaucoup et mon mari aurait une pension supérieure à 5000 euros et je dois me battre pour qu'il me donne quelque chose. Et ça je trouve... cette reconnaissance politique qui... que je reproche vraiment. Alors que la ministre de la famille a toujours, pendant plusieurs, ça fait longtemps qu'on l'a. Elle n'a que 2-3 ans de plus que moi, on a été dans la même école, elle est célibataire, et elle a toujours pris... ses électrices avec ses promesses du splitting des pensions, alors qu'elle ne l'a jamais fait. Elle a toujours pris (c) avant les élections, mais elle ne l'a jamais réalisé, ni les autres partis. Et le comble, c'est qu'un président d'un parti a dit :si nous faisons ça, on n'aura pas seulement des femmes pauvres, on aura aussi des hommes pauvres. Et ça j'étais... pour un juriste, un avocat qui est président... ça m'a ecoeurée, ça m'a... je suis un peu... Moi ça fait déjà un bon moment que je m'appelle avec mon nom de jeune fille parce que je ne veux pas être la femme du... je ne veux pas, je ne veux plus être ça, je ne veux plus mis en avant, je ne veux plus être sollicitée pour qu'on lui arrange des choses, non... Ca m'énerve... Ca m'...
I: et donc vous avez fait les études que vous avez choisies de faire.
R: Oui
I: Vous avez aussi déjà dû vous battre à ce moment là, si j'ai bien compris
R: oui, oui
I: par rapport à la famille plutôt alors
R: oui
I: pour partir...
R: Oui
I: Et alors vous avez travaillé
R: une demi année à l'université de Bâle et à l'hôpital universitaire à Paris. Et puis j'ai... j'ai quitté pour suivre mon mari à Liège qui faisait son doctorat là. Et...
I: et le choix de ne pas travailler ou, de ne pas retravailler à ce moment là, il était conditionnée par quoi?
R: là j'avais fait un accident de voiture, je ne pouvais pas travailler. J'étais... Oui j'étais encore...J'avais de forts maux de tête pendant très longtemps. J'avais tout juste échappé à la mort. C'était... J'avais une fraction de... la base de crâne...
I = ???
R: Il y avait une fissure du crâne. En fait, on ne peut rien faire que de rester tranquille et attendre. Pendant longtemps j'ai eu de forts maux de tête et puis ça s'est quand même guérit avec... j'avais même pas le temps d'y penser avec tout ce qui se passait dans ma vie. Mais voilà maintenant...
I: Sinon après ce sont les enfants alors qui ont fait que vous n'avez pas repris? Ou vous ne vous êtes même pas posée la question?
R: Non ce n'était pas possible. Du point de vue organisation, ce n'était pas possible. Ce n'était pas possible... Il fallait être présent. Il fallait aller à toutes les activités. Je crois qu'il fallait être présent même en temps que... Il faut dire qu'ils s'entendaient très, très bien, ce n'étaient pas des enfants compliqués, non. Mais il fallait quand même être présent, surveiller, contrôler, motiver, sinon... sinon... ils n'auraient pas fait tous les 5 l'Université, sauf celui qui a eu les problèmes de dyslexie, il a arrêté l'Université, mais il a quand même un poste maintenant, il a trouvé un bon job en informatique. Et lui a arrêté après 2 ans à (name University), mais sinon tous les autres ont terminé leurs études. Et je ne crois pas que même en cours de route, même à l'Université, (name son) juste avant de terminer avait un stage à Nantes. Il en avait marre, il voulait arrêter. J'y suis allée, j'ai discuté, j'ai relu sa thèse, j'ai fait toutes les corrections orthographiques, d'orthographe. Bon, il aurait peut-être pu le faire lui même tout seul, mais ils avaient la confiance à me... à me confier.
I: Et quand vous avez parlé avec votre mari de votre désir de reprendre, ça, ça n'a... c'est par rapport à quoi? C'est parce qu'il devait renoncer à quelque chose ou...
R: Oui
I: C'était pas aussi parce c'est classique, je ne sais quels étaient un peu les facteurs...
R: non, non, c'était tout juste. Moi je disais... à cette époque... je voyais comme ça... Je disais : si toi tu ne prends aucun engagement envers les enfants, envers ceux-ci, nous ne pouvons pas être absents tous les deux le samedi, ça ne marchera pas parce que le samedi... à cette époque, ils avaient encore cours le samedi, mais il fallait, le samedi après midi, il fallait les conduire, ils revenaient pour le repas, et aussi le temps. Et je me disais mais si je fais ça ou bien je le fais bien et je me prépare ou bien je ne le fais pas. Mais je ne peux pas tout faire. Et si toi tu ne restes pas à la maison le samedi, pour t'occuper un peu, aussi peut-être du jardin ou des tâches et des devoirs (c), ça ne marchera pas. Et comme, comme... quand j'ai vu son contrat... il recevait toujours le contrat au mois de Juillet pour début Octobre, quand j'ai vu le contrat qu'il avait signé, j'ai vu que c'était impossible. Alors j'ai dit à (name employer), je ne peux pas venir, c'est trop, je n'arrive pas. Moi je n'avais pas à délaisser les enfants pour un travail...
I: Vous avez l'impression que c'était votre choix ou, qu'il était fortement influencé?
R: Je n'avais pas le choix. Je n'avais pas le choix. Moi je me voyais sans choix. Parce que si j'avais eu le choix je l'aurais fait, mais... et aussi là j'avais fait... pour faire cela... j'étais allée à un congrès médical pour voir à quel niveau... si je me retrouvais à nouveau dans la profession. Et j'avais un couple ami qui... médecins... qui m'avait fait part de congrès à (name city 3). C'était plutôt aussi... Oui, c'était un congrès médical... je ne sais plus exactement le thème. Alors j'avais demandé à ma belle-mère de garder les trois petits pendant ce week-end et... Et là aussi mon mari avait accepté d'aller pour sa profession à Paris, après que moi j'avais déjà payé les taxes pour le congrès médical. Alors là j'ai demandé à sa mère de nous aider et... là je ne peux pas encore... quand j'arrivais pour lui déposer les trois, je ne voulais pas qu'elle garde tous les cinq, puisque les plus grands, j'avais organisé quelque chose d'autre. Mais les trois petits... alors elle disait : non je n'ai pas le temps, oui, j'avais dit oui, mais puisque leur père est parti aussi, ça veut dire que tu dois... tu n'as qu'à rester à la maison. Elle me refusait ça. elle me disait non je ne vais pas les prendre parce que (name husband) est allée à Paris, je ne veux pas les prendre. Tu n'as qu'à rester à la maison, tu n'as pas besoin de faire cette... je crois qu'elle appelait à l'époque, folie ou cette extravagance. Je lui disais mais ce n'est pas de l'extravagance, c'est de la formation pour... Il gagne assez pour que tu restes à la maison. Je lui disais que pour moi ce n'était pas une question d'argent, c'était... c'était un engagement, c'était une ouverture. Et alors je me rappelle que je les ai pris, j'ai contacté (name friend) qui... qui avait elle aussi cinq enfants alors elle dit "amènes-les, on va s'arranger. Tu iras quand même." J'y suis allée quand même. Et puis pour le contrat, pour travailler pour toute une année, ça j'ai pas osé, non je n'aurai pas pu... déjà l'organisation...
I: Est-ce une question de manque de soutien? Les parents qui soutiennent, qui n'étaient pas là..
R: Oui. Surtout de ma belle-famille. c'était surtout de la jalousie. De la jalousie et pas... pas d'encouragement. C'était toujours abaissant, c'était toujours blessant. C'était... oui, ça faisait mal...
I: Et vous croyez que c'est pourquoi cette attitude?
R: parce que c'était différent de leur style de vie. Mon mari a fait son école, mais il n'a jamais fait... à part les scouts... il n'a pas fait d'activités parascolaires. Alors que moi je tenais beaucoup... ils ont tous fait leur solfège. Ils ont appris un instrument, ils ont été aussi aux scouts. Ils sont partis aussi avec (name organisation) mais ils ont fait des activités d'été, de la formation en guide nature ou ils avaient au musée d'histoire naturelle des après-midi de formation. Toutes sortes de choses, je les inscrivais (c). Pourquoi tu les fait courir... c'était... alors que eux aussi ils avaient envie de faire ça. Au moins j'avais l'impression.
I: Oui, et vous pensez qu'aujourd'hui, ce serait différent?
R: oui, aujourd'hui c'est différent puisqu'il y a des possibilités avec les maisons relais, des garderies, plus de crèches ou... dans notre région (name region) il y avait... je ne sais pas... c'est peut-être... il faudrait revenir au jour du jour. Comme je ne suis pas grand-mère, je ne suis pas affligée en plus. Je ne suis plus au courant de ce qui se passe réellement, mais... je vois quand même que même dans notre petite commune, il y a une maison relais où les enfants peuvent manger à la cantine. Il y a des possibilités de décharge. Je crois que chez nous, les mères qui veulent travailler, qui voudraient travailler, pourraient s'organiser. La seule chose qui sera toujours problématique ce sont les grandes vacances, la période des vacances, ça j'ai une amie qui m'a dit que c'était quand même un peu difficile. Parce qu'il faut quand même s'organiser. Il faut... pour le travail. Mais bon,
I: enfin vous, vous avez cinq enfants, donc vous risquez peut-être de...
R: non l'aîné a 35 ans, c'est pas encore en vue. Ca va peut-être se passer tous ensemble, ou bien pas du tout.
I: Et vous par rapport au rôle de votre belle mère, si on arrivait comme ça... demandait de l'aide...
R: Ah oui, oui forcément, forcément, je... s'ils acceptaient que je prenne la garde... peut-être pas 40 heures par semaine, mais partiellement j'accepterais. Sûrement, oui.
I: Mais bon vous êtes maintenant engagée dans d'autres domaines...
R: C'est à dire pour mes études, je n'ai pas repris trop, parce que je n'étais pas trop bien niveau santé. Donc j'ai du faire de la kiné, par moment je ne savais pas marcher, donc il faut...
I: ... faire attention à soi...
R: Oui
I: donc si je peux résumer l'histoire, il y a un peu votre enfance avec la question du lycée, cette... je ne vais pas dire ce combat, mais quand même vous avez dû un peu tenir tête pour continuer, alors que vous étiez brillante. Mais néanmoins pour aller à l'étape suivante, c'est aussi venu de vous... pour aller en Suisse, etc...
R: oui, oui
I: vous n'avez pas eu de soutien
R: non
I: mais on ne vous a pas découragée non plus?
R: mais on ne m'a pas soutenue financièrement non plus pendant ces années là. J'ai quand même mené un peu ma vie. J'étais payée à cette époque parce qu'on travaillait 45 heures. C'était des périodes alternatives : 6 semaines de travail, 6 semaines d'école et quand on travaillait c'était 45 heures par semaines. Et quand on faisait des services de nuit, c'était 10 nuits, 10 heures de suite, pendant 4 ou 5 jours. C'était assez dur. Et je devais payer mon logement et parfois je n'avais plus rien pour manger. Je, j'ai été très naïve à cette époque. Je ne mangeais pas suffisamment. Et ma mère n'avait pas le droit de me donner plus d'argent. Quand je venais je prenais des choses à manger mais parfois je mangeais que du yaourt et de la tarte aux pommes. Parce que je n'avais rien... jusqu'au jour où j'avais mon diplôme, je gagnais assez. Mais j'avais pris une voiture. Entre l'école luxembourgeoise et partir, j'avais travaillée 6 mois à la maison. J'avais aidé ma mère parce qu'elle avait eu encore ma soeur quand j'avais 18 ans. Juste avant de partir ma mère était tombée enceinte et elle n'était pas bien. Donc je l'aidais à faire le ménage et à... je prenais quelques cours d'italien, de cuisine, de couture. Et là, j'avais... au lieu d'avoir un salaire, mes parents m'avaient acheté une voiture d'occasion. Mais je devais... ils me payaient l'assurance mais je payais l'essence et mes frais et... bon il ne restait... c'était très, très strict. Mon père ne voulait même pas que... il touchait encore la...
I: pension familiale
R: pension familiale, et il ne me la versait pas. Parce qu'avec ça j'aurais pu tenir
I: oui et vous pensez que c'est plus votre père? Que votre mère aurait voulu vous aider plus?
R: Oui, non c'était mon... oui, ma mère, elle m'a aidé quand même. Mais il ne fallait pas que mon père le sache. Après avec ma soeur, il a fait juste l'inverse. Elle a tout eu.
I: elle est plus jeune?
R: Oui 18 ans.
I: ah oui c'est ça...
R: je n'aurais pas voulu qu'il fasse la même chose avec elle qu'avec moi, mais...
I: merci beaucoup, il y autre chose que vous vouliez ajouter un peu à ces histoires? Je voudrais encore parler brièvement avec vous sur 2-3 questions mais...
(Audio file contains interpretation of the stories)
Gender did matter