My personal story
R: My father worked while my mother stayed at home, and they did everything possible to encourage me to have a decent (working) position, but they didn’t insist that much for my sisters… When I wanted to get married, they fixed as a precondition for me the fact to earn my own salary, which is quite understandable, after all. And therefore, when my children were born, I was already working. And at this time, I remember we were entitled to take a 3 days leave for a child’s birth. Although I did not work for long as an employee – later I always ran my own businesses, I was an employee when my first child was born. So I took those three days, and passed those three days, I went back to work. (...) And I know it was really very, very strange and that not having this daily, permanent relationship with my children, made me feel a bit strange. My wife took care of them. At this time, she didn’t work and she kept upbringing our children at home until the second – I have two children – was 8. 8 or 9 years old. It was the choice we had made together, but if during these 8 or 9 years, I could have had the opportunity to have 6 months, 1 year perhaps or if my wife would have returned to work while I would have stayed at home for a while, I would have surely loved it. And it created, how would I say, it modifies completely the relationship between a man and his children, between a woman and her children. There are a lot of things which happen consecutively, like a chain-reaction, that make things really different.
(...)
R: (...) In a period (the 1980s), when there were a lot of discussions about gender equality – there are still much debates -, a time when people wanted the same rights for men and women, which I understand in a number of issues, I found it was a pity that men could not have this break to be present with their children.
(...)
R: If I could have taken a parental leave, I think that personally, I would have satisfied my…, how would I say, the pleasure if was for me to stay with infants, because I always really enjoyed the fact to see them to awaken to new things, to evolve in their environment. You know, when kids are really young. And there is also this physical contact, this exclusive relationship that I find really moving and which I really felt when I was a young father. But when you leave to work at 6.45am – because we lived in Paris’ suburbs and you have to wake up really early to escape traffic jams – and when you come back, it’s late already. So when you leave at 7.30am and you come back at 8.30-9pm, you don’t see your kids, basically.
French
I: Vous pouvez y aller, si vous voulez partir sur cette...
R: Non, mais l'idée c'était ça, enfin, le moment de mon existence où j'ai eu l'impression que la... qu'il y avait une différence entre le statut de l'homme et les statut de la femme, y compris si à cette époque-là, le statut de la femme, il n'était pas particulièrement enviable pour d'autres raisons, quoi, mais c'est que, quand j'ai commencé à travailler, bon j'ai eu des enfants peu de temps après, quoi et à l'époque, il y a 23 ans, il n'y avait pas de formules, dont on entend parler aujourd'hui, etc.... de congés parental qui peuvent être pris par le père ou...
I: Partagés...
R: ... ou partagés, etc. Et donc à ce moment-là, dans ma famille, c'était très clair que c'était l'homme qui devait travailler. Mon père travaillait, ma mère était à la maison, donc ils ont tout fait pour me pousser moi à avoir une situation correcte, et ils ont pas été insistants sur mes sœurs. Ça, c'était déjà une première diversification... Ce qui fait qui, que quand j'ai voulu me marier, le préalable (rire) qu'avaient posé effectivement mes parents - ce qui peut effectivement se concevoir - c'était que je travaille. Et donc quand mes enfants sont arrivés, je travaillais, quoi. Et à cette époque-là, je sais que j'avais... qu'on avait le droit de prendre trois jours pour une naissance, un truc comme ça, donc j'ai pas été très longtemps salarié, j'ai toujours travaillé à mon compte, mais j'ai eu un moment où j'étais salarié et au moment de mon premier enfant, je l'étais. Et donc j'ai pris trois jours, et passés ces trois jours, je suis retourné bosser (rire). Et évidemment j'ai élevé mes enfants, etc., mais moi, je suis très papa-poule, j'ai un côté probablement un peu maternel ou féminin, j'en sais rien, mais j'assume de toute façon complètement. Et je sais que ça a vraiment été très, très bizarre et ça m'a fait un drôle d'effet de pas pouvoir avoir cette relation quotidienne, permanente, quotidienne, etc., avec mes enfants. Et, donc, ma femme s'en est occupée. A cette époque-là, elle travaillait pas et elle s'en est occupé, jusqu'à ce que le deuxième - j'ai 2 enfants, jusqu'à ce que le deuxième ait 8 ans. 8, 9 ans. Puisque c'était le choix qu'on avait fait ensemble. Mais si j'avais pu pendant ces 8, 9 ans, où on s'en est occupé, avoir moi 6 mois, un an ou que ma femme aille travailler et que moi j'arrête momentanément, j'aurais adoré ça, quoi. Et ça créée, comment dire, ça change complètement le rapport de l'homme aux enfants, de la femme aux enfants. Il se passe après plein de choses en chaîne, qui font que les choses sont différentes, quoi. Je trouvais qu'il y avait une espèce de...
I: D'injustice?
R: Pas d'injustice, mais enfin que c'était pas normal qu'on soit pas... à l'époque où on parlait beaucoup de l'égalité des sexes - on en parle beaucoup -, donc on voulait que la femme ait les mêmes droits que les hommes, ce que je conçois sur tout un tas de choses, et là je trouvais que c'était dommage que les hommes ils puissent pas avoir ce temps de respiration et de présence à côté de leurs mômes.
I: Et vous aviez le sentiment que l'organisation du foyer au départ - au début vous étiez, en suivant l'injonction presque, la précondition posée par votre père, salarié, c'est à dire plutôt stable...
R: Ca veut dire "assume-toi si tu veux fonder un foyer", ce qui est pas...
I:...inepte.
R: Ce qui est complètement raisonnable, quoi, je veux dire. Non, je dis ça parce que j'avais émis l'hypothèse de me marier avant même de commencer à travailler, parce que j'étais très enflammé vis-à-vis de ma future épouse, qui l'est toujours, d'ailleurs. Et donc, mon père m'avait dit "attends, t'es gentil, vous vivez déjà ensemble, ça va...Tu te marieras, tu officialiseras les choses quand tu seras capable de t'assumer à 100%", et c'est ce que j'ai fait. Mais dans la foulée, il y a des tas de choses que j'ai fait classiquement, comme ce qui était possible pour un homme. Et un homme, il pouvait pas prendre de congé parental. J'aurais pu décider de m'arrêter de travailler, mais, l'éducation...
I: Et votre épouse elle en pensait quoi, elle? Elle était satisfaite de la situation, plus ou moins?
R: Non, non, mon épouse, ça lui... Elle aurait volontiers, peut-être-, retravaillé plus tôt que ce qu'elle a fait, mais elle ne regrette pas du tout et elle est très contente d'avoir, elle, pu rester à s'occuper des enfants pendant X années, quoi.
I: Ils ont combien d'écart, ces enfants?
R: Ils ont deux ans d'écart. 00:05:07-6
I: Donc elle est restée pendant une dizaine d'années, au total.
R: Voilà, c'est ça, pendant dix ans, elle a pas travaillé pendant dix ans, alors évidemment elle a commencé - enfin, elle avait travaillé un peu avant et puis elle a recommencé plus tard. Elle est dans l'éducation national, alors ça facilite un peu ce genre de fonctionnement haché, quoi. Mais moi j'étais dans une entreprise privée, alors dans une entreprise privée, une petite en plus, enfin une moyenne, quoi, on peut pas, enfin c'est beaucoup plus compliqué de jongler avec ce genre de situations. Et donc, elle, elles s'en est occupé pendant 10 ans et elle ne le regrette pas, parce qu'évidemment, bon, il y a plein de cas de figure possible : il y a des gamins qui s'en sortent très bien, y compris si on s'occupe pas d'eux quand ils sont petits, si les parents sont pas tout le temps là. mais ça donne quand même une espèce de tranquillité d'éducation, voilà.
I: Et vous me disiez au départ, que vous auriez bien aimé, finalement, être père aujourd'hui, pour avoir la possibilité de rester, de prendre un congé parental éventuellement. Qu'est-ce que ça aurait changé, à votre avis?
R: De quoi, d'être père aujourd'hui?
I: De, d'avoir la possibilité d'avoir un congé parental, en termes de relations...?
R: Bah si j'avais pu prendre un congé parental, il me semble que j'aurais d'abord assouvi personnellement (rire), ma... comment dire, le plaisir que j'avais à être avec des jeunes enfants, parce que j'ai toujours eu beaucoup de plaisir à voir évoluer, bouger, s'éveiller, etc., les mômes quand ils sont tout petits. Ensuite, il y a une relation de proximité physique très fusionnelle, quoi, qui, comment dire, que je trouve émouvante, quoi, et que je ressentais très fort quand j'étais jeune papa. Sauf que quand on part bosser à 6h45 - parce que quand ... j'étais dans la région parisienne, il faut se lever tôt, pour éviter tous les bouchons, et quand on revient, effectivement, on revient tard - donc quand on se lève, on part à 7h30 et qu'on rentre à 20h30-21h00, bah les mômes, on les voit pas, quoi. On les voit le WE, voilà. Donc toute cette phase où ils ont grandi, leurs premières années de découverte, etc., d'éveil, etc., j'en ai pas véritablement profité, sauf à temps partiel. Enfin, c'est le cas de plein de pères de mon âge, et même encore aujourd'hui. J'imagine que la majorité des hommes qui ne s'occupent pas ... majoritairement de leurs gosses, mais c'est quand même un regret (rire).
I: Vous en avez parlé avec vos enfants, aussi? Parce qu'ils atteignent un âge - même si aujourd'hui, on fait quand même les enfants plus tard...
R: Oui, on parle de ces choses-là: je leur ai dit le plaisir que j'avais à être avec eux à cette époque-là, et le regret que j'ai de pas avoir passé plus de temps avec eux, mais c'est comme ça... Alors peut-être que eux auront une façon de voir les choses un peu différente...
I: Ca se dessine?
R: Non, non, ce qui se dessine, peut-être c'est une erreur d'interprétation de ma part, mais j'ai la sensation qu'il y a 25 ans en arrière, il était plus facile de vivre avec un salaire qu'avec... qu'aujourd'hui, quoi. Peut-être c'est une erreur d'interprétation, mais il me semble que globalement le coût de la vie était un peu moins élevé. Mais peut-être je me trompe parce que j'ai pas de compétences économiques dans ce sens. Aujourd'hui, quand je vois les choses autour de moi, j'ai l'impression que beaucoup de jeunes couples sont obligés de travailler tous les deux, quoi. Et dans ce cas-là, ça pose un problème encore différent, c'est sûr que ni l'un ni l'autre n'a véritablement le temps de se consacrer à ses gamins, et je trouve ça dommage, quoi.
(...)
Gender did matter